Amélie - Coeur Battant, Corps Patient
La technique du "lieu sûr" : s'abriter quand l'émotion déborde
"Ce n'est pas fuir, c'est s'abriter pour mieux revenir ensuite."
Parfois, une émotion surgit, brutale, envahissante, incontrôlable. Elle déferle comme une vague, submerge, épuise. Ces émotions-là, celles que nous connaissons bien quand la maladie, la douleur, l'angoisse ou même la vie quotidienne nous malmènent, nécessitent plus qu'un simple "ok ok ça va passer". Elles appellent à se mettre à l'abri. Non pas fuir, mais se poser, respirer, se retrouver.
C'est là que la technique du "lieu sûr" trouve tout son sens.
Le lieu sûr : un refuge intérieur (et parfois extérieur)
Les thérapeutes en parlent souvent comme d'un espace imaginaire. On le construit dans son esprit pour pouvoir s'y réfugier quand c'est trop.
Mais il arrive que l'on ait la chance de pouvoir l'incarner dans un vrai lieu, tangible, familier, qui nous aide réellement à ralentir, à reprendre pied.
Pour ma part, ce lieu, c'est ma chambre dans notre maison de campagne. Pas une pièce comme les autres, mais un écrin de souvenirs. C'est la chambre des siestes estivales, celle où la lumière joue doucement sur les rideaux, où l'on entend parfois au loin le bourdonnement discret des abeilles ou le vent léger dans les arbres. Ce n'est pas seulement une pièce, c'est une atmosphère.
Quand l'émotion devient trop lourde, que je sens l'étau se resserrer, je m'y réfugie mentalement ou physiquement selon si je suis sur place ou pas. Je m'allonge, souvent sans rien faire d'autre que fermer les yeux, laisser passer. Là, dans cette pièce, je me permets de "lâcher". Lâcher les attentes, les interrogations, la fatigue, les craintes. C'est mon "lieu sûr".
Ce qui se joue dans cet abri
Ce moment n'efface pas l'émotion. Mais il m'offre un espace pour la traverser autrement. Le calme, la sécurité du lieu, l'habitude qu'a mon corps d'y trouver du répit, m'aident à calmer la tempête.
Je sais aussi que, lorsque je sortirai de cette chambre, il y aura plus loin, au bout du chemin, la nature, immense et généreuse. Mon jardin m'attend, avec ses arbres que j'aime tant, ses herbes folles, son parfum de terre et de feuilles. La perspective de cette nature après la sieste est presque comme une promesse : celle de pouvoir réintégrer le monde en douceur.
À chacun son lieu sûr
Chacun peut trouver son lieu sûr. Ce n'est pas toujours une pièce. Pour certains, ce sera un fauteuil bien précis, un coin de forêt, une musique, une odeur, une image mentale d'un endroit aimé, ou même un geste ritualisé. Peu importe tant que ce lieu permet de dire à son corps : "Ici, tu es en sécurité".
"Prendre soin de soi avec tendresse, dans un quotidien qui souvent ne nous laisse pas assez de place pour cela."
Ce n'est pas fuir, c'est s'abriter pour mieux revenir ensuite. C'est prendre soin de soi avec tendresse, dans un quotidien qui souvent ne nous laisse pas assez de place pour cela.
Et vous, quel pourrait être votre lieu sûr ? Avez-vous déjà ressenti le besoin de le chercher, ou peut-être l'avez-vous sans même le savoir ?
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