Amélie, l'avocate (im)patiente

Amélie - Coeur Battant, Corps Patient

Non, nous ne vivons pas d'amour et de justice

Image illustrant la réflexion sur les honoraires

"Équilibrer vocation et réalité - un défi quotidien"

Quand je me suis lancée dans ce métier, je n'imaginais pas que la question des honoraires me remuerait autant. Pas dans le sens qu'on pense — je ne parle pas d'argent facile ou de course au chiffre — mais parce qu'il y a quelque chose de presqu' inconfortable à facturer quand on travaille pour des malades, des handicapés, des familles en difficulté.

Et pourtant, c'est une réalité incontournable.

Il y a des jours où j'aimerais pouvoir dire oui à tout, sans compter. Oui, bien sûr, je vous aiderai, peu importe l'argent, peu importe le temps. Et parfois, c'est ce que je fais. Quand je raccroche après une consultation gratuite, quand je donne quelques conseils par mail... Ça fait partie du métier. Je le fais parce que je crois profondément que personne ne devrait rester seul face à l'injustice.

Je ne compte plus les heures données, les dossiers relus un dimanche, les mails envoyés tard le soir — gratuitement, parce que c'est naturel, parce que c'est ce qui me semble juste.

Une équipe derrière chaque dossier

Mais je ne peux pas, nous ne pouvons pas, en faire une règle. Je le dis souvent à mes clients avec une forme de pudeur : je ne vis pas seule dans mon cabinet.

Il y a celles qui répondent à vos appels, celles qui préparent vos dossiers dans l'ombre, qui organisent, rédigent, trouvent des arguments auxquels moi-même parfois je ne pense pas d'emblée. Elles aussi vivent, paient leur loyer, remplissent leur frigo, et méritent que leur engagement soit reconnu.

La réalité d'un cabinet juridique

Être avocate dans ce domaine, ce n'est pas seulement « être là » pour les causes que l'on défend, c'est aussi accepter que pour que le cabinet tienne debout, il faut qu'il fonctionne. Et faire fonctionner un cabinet, c'est payer des salaires, des charges, des locaux, du matériel. Ce n'est pas très romanesque, mais c'est inévitable.

Sans oublier que je suis malade, et que moi aussi, je dois composer avec la fatigue, les traitements, les jours où l'énergie me manque. Je sais ce que c'est que de devoir "réduire la voilure"...

Alors bien sûr, ce n'est jamais agréable de dire à une personne en détresse que l'aide a un prix. Pas quand on a fait de l'aide sa vocation. Et pourtant, je le dis et le répète : nous ne vivons pas d'amour et de justice. Parce que tout travail mérite salaire, parce que faire bien prend du temps, parce que c'est aussi reconnaître la valeur de ce que l'on fait, ensemble.

"Reconnaître la valeur du travail juridique, c'est aussi respecter celles et ceux qui le fournissent."

Le bénévolat, je le continuerai toujours, tant que j'aurai la force. Mais je refuse de l'imposer à mes collaboratrices, à mes partenaires, ou à moi-même au point de ne plus pouvoir tenir.

Un cabinet, ce n'est pas une machine à produire du droit gratuitement. C'est un lieu où l'on écoute, où l'on cherche, où l'on se bat — et cela demande du temps, de la compétence, de l'énergie, et aussi, disons-le sans détours, un minimum de moyens.

Dire non à la gratuité systématique, ce n'est pas trahir nos engagements. C'est la condition pour pouvoir continuer à dire oui quand ça compte vraiment.

Contact par email : contact@kos-avocats.fr

Ou par téléphone : 09 88 53 98 43

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