Dans un rapport intitulé «Faire de la France une économie de rupture technologique», remis le 07/02/2020 aux ministères de l’économie et des finances, et de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, 10 marchés ont été identifiés comme «nécessitant une stratégie d’accélération accélérée», parmi lesquels la santé digitale.
Le rapport souligne que ce marché est appelé à connaître une très forte croissance, en raison :
– du vieillissement de la population: le montant des soins de longue durée aux personnes âgées représentent 11 Mds€, en croissance contenue à 2 % par an ces dernières années ;
– du développement de maladies chroniques avec la recherche d’une prise en charge plus efficiente et plus intégrée dans la vie médicale ;
– du besoin d’optimisation du parcours patient, notamment pour la soutenabilité du système de santé. La dépense de transport de malades est de 5 Mds€/an, croissant d’environ 4 %/an. Les soins infirmiers en ville (8 Mds€/an) croissent également de 4 %/an, tandis que la consommation des soins hospitaliers (72 Mds€/an environ) croit régulièrement de 2 %/an.
Si le marché de la médecine connectée est dominé par les Etats-Unis et Israël, la France a le potentiel de se positionner comme leader de nouvelles offres et solutions numériques de santé.
En effet, la filière peut prendre appui sur de nombreuses entreprises innovantes intégrées à un écosystème public et privé mobilisé, avec notamment la création du Health Data Hub et de la Délégation Numérique en Santé et l’intérêt croissant pour la santé de grands groupes numériques.
En France, le marché est particulièrement investi par des start-ups et PME, capables de faire émerger des technologies innovantes, mais qui ne sont pas dépourvues de diverses fragilités :
- «la limitation de leur capacité à porter les investissements nécessaires pour la phase d’industrialisation ;
- le besoin de terrains d’expérimentation, aux coûts indirects importants, où déployer ces solutions en vue d’entraîner les algorithmes, de mener leur évaluation médico-économique et de coconstruire l’adaptation du système de santé à ces nouveaux dispositifs digitaux ;
- un manque de formation et de références sur les conditions d’emploi pour les utilisateurs ;
- une demande des fournisseurs de soins opérée de manière historique sous forme d’appels à projets inadaptés à l’offre française. Celle-ci est en effet fragmentée par opposition à des grands groupes internationaux qui intègrent les équipements médicaux ou infrastructures de données ainsi que les solutions et services numériques ;
- l’exposition au rachat par des acteurs étrangers ;
- la difficulté de couvrir l’ensemble des sujets pour la mise sur le marché (réglementation du domaine de la santé, connaissance des acteurs de la santé, éthique, gestion des données privées, etc.) ;
- une inadéquation des modes actuels de prise en charge au travers de la tarification des actes ou des produits de santé qui freinent l’adoption par les systèmes de soins de ces nouvelles solutions dont les modèles économiques transforment de fait l’organisation des soins, le positionnement ou le modèle économique des acteurs de ces systèmes».
Aussi, en capitalisant sur les compétences de la France dans le domaine médical (centres de recherche avancés tels que l’INSERM et le FRM), couplées à un écosystème développé et structuré, l’objectif consiste donc à favoriser l’émergence et la consolidation d’entreprises de taille intermédiaires françaises spécialisées en dispositifs de diagnostic, en offrant des conditions propices à l’expérimentation, d’une part, et en accélération la croissance des entreprises, d’autre part.
Dans cette perspective, la stratégie d’accélération cible :
– 30 % de part de marché européenne à horizon 2025 (soit environ 30 Mds€ de chiffres d’affaires selon l’étude Roland Berger) ;
– la triple multiplication a minima du nombre d’emplois d’ici 2025 (soit environ 13 000 emplois supplémentaires) ;
– le concours de manière mesurable au virage ambulatoire et à l’efficience des dépenses de santé (ex : contenir la croissance des transports médicaux à 2 %/an).